À 20 ans, Noé, étudiant en deuxième année à l’ESEO, campus d’Angers, a choisi une manière pour le moins atypique de rejoindre l’Université d’Ulm, en Allemagne, dans le cadre de son Erasmus. C’est à vélo qu’il a parcouru près de 1 300 kilomètres aller-retour, soit 380 km pour relier Nancy à Ulm à l’aller, puis 900 km pour rentrer jusqu’à Angers en août dernier.
Un défi qui s’inscrit dans une passion de longue date : « Le vélo, ça a toujours été ma liberté. Je m’en servais pour aller voir des copains, explorer les alentours, ou simplement me déplacer. Aujourd’hui, j’essaie d’en faire mon moyen de transport quotidien, convaincu de son impact positif sur le climat et sur la santé. »
« Je voulais montrer qu’un autre mode de mobilité est possible »
Parti de Nancy en plein mois de février, Noé a pédalé près de 380 km en 6 jours pour atteindre Ulm, affrontant pluie, froid et neige dans les cols de la Forêt-Noire. Un défi sportif autant que logistique : « C’était ma première vraie aventure en solitaire, je voulais me prouver que j’en étais capable », confie-t-il.
Pour préparer son trajet, il s’est appuyé sur des outils comme Komoot et GPX Studio, et a trouvé des hébergements grâce à la plateforme solidaire Warmshower, qui met en relation cyclistes voyageurs et hôtes bénévoles. « J’ai été accueilli à bras ouverts par des familles en France et en Allemagne, qui n’attendaient rien en retour. De belles rencontres qui font aussi partie du voyage », raconte-t-il.
Après plusieurs mois passés en Allemagne, Noé n’a pas dérogé à son principe et a repris son vélo pour parcourir près de 900 km afin de relier Ulm à Angers, en suivant l’EuroVélo 6, la grande véloroute qui traverse l’Europe de l’Atlantique à la mer Noire. « J’ai rejoint la véloroute à Mulhouse, puis j’ai pris mon temps pour avancer, environ 80 km par jour avec mes sacoches bien chargées. Ce n’était pas beaucoup mais cela m’a permis de profiter du voyage et de faire quelques visites. Je souhaitais en profiter avant de rejoindre le chemin de l’école » partage Noé.
Pour son trajet retour, l’étudiant a été accompagné de Baptiste Grasset, actuellement en troisième année à l’ESEO, qui a parcouru avec lui près de 500 km sur la Loire à vélo, de Nevers à Angers.
Faire du vélo un choix quotidien, pas seulement un exploit
Au-delà de la performance, Noé revendique une démarche militante. Il rappelle que le transport représente la première source d’émissions de CO₂ en France (2,6 tonnes par habitant et par an selon Carbon 4), et que l’objectif de neutralité climatique impose de revoir nos modes de déplacement.
« On s’est habitués à voir le voyage uniquement comme la destination, surtout avec les vols low-cost. Moi, je crois qu’il faut redonner au trajet sa valeur : il fait partie intégrante du voyage », insiste-t-il.
Au quotidien déjà, Noé privilégie le vélo pour ses trajets, convaincu de ses bénéfices sur la santé comme sur le climat : « Après une journée de travail, pédaler ça vide la tête et ça fait du bien. On combine sport et transport. C’est simple et accessible à tous. »
Vers une nouvelle culture de la mobilité étudiante
L’expérience de Noé interroge directement les établissements d’enseignement supérieur : comment accompagner les étudiants vers des mobilités plus durables ?
L’étudiant plaide pour que les écoles et universités encouragent le train plutôt que l’avion pour les séjours Erasmus, même si aujourd’hui le rail reste souvent plus coûteux. Car pour lui, « le voyage lui-même est une aventure » et pas seulement un aller-retour vers une destination.
Chaque année, l’ESEO réunit son comité IES (Impacts Écologiques et Sociaux) pour encourager les projets durables.
Ce dispositif soutient les initiatives étudiantes et associatives en faveur d’un avenir plus durable, en attribuant un budget à des projets écologiques portés par les étudiants et l’équipe pédagogique.
Dans cette dynamique, Noé a pu bénéficier d’une bourse IES, remise par l’ESEO, et d’une bourse Erasmus « Mobilité Douce » attribuée aux étudiants qui se rendent à dans leur pays d’échange en train ou à vélo.
À moyen terme, Noé rêve de nouveaux défis sportifs, comme l’escalade en grande voie dans les Calanques ou les Alpes avec son père. Mais son ambition première reste de convaincre ses proches et ses camarades qu’il est possible de voyager autrement.